24/03/2011

Et la fin du mois de mars













J'ai fait une pause. Une semaine. Je suis remontée à Paris, j'ai vu mes amis, j'ai pensé à autre chose. Et puis je suis revenue pour plus longtemps. Cette fois-ci c'est plus compliqué, j'ai du travail à faire à côté, je ne suis plus toute seule, mon frère, ma mère sont là. Malgré moi ça devient réellement une histoire de famille.
Je mets quelques jours, presque une semaine finalement, à me remettre dans le projet. Je regarde les rushes de la première session, j'écoute, je note. Il y a encore tellement de travail. Esthétiquement, je sais vers quoi je veux aller. A peu près. Alors il faut le faire. Et que ça aille avec le fond, que le fond soit précis, carré, que je sache, toujours, toujours, où je vais et pourquoi je fais ça. Parfois j'oublie. 
Cet après-midi Christian m'a appelée "Je vais faire cuire des rillettes, ce n'est pas forcément intéressant en soi à filmer, des rillettes, mais ça fait partie des choses qui ne se feront plus. Faire cuire dans l'ancien four de famille, pendant cinq heures, ça m'étonnerait que le successeur continue ça (rires entrainement un toussotement sec)".
Il le sait, où je vais et pourquoi je fais ça lui. Il faut que je travaille. Maintenant ça compte, c'est devenu important pour d'autres que moi. Je veux que ça soit bien, je veux que ça fonctionne. Qu'il n'ait pas cru pour rien, qu'ils n'ait pas l'impression qu'il ne m'intéresse plus. Ce soir je vais filmer le cor de chasse. Quatre mecs dans un petit gymnase de village, avec des agrès au mur et des tatamis. qui soufflent dans des trompes. Godard prends garde, me voilà et je vais tout déchirer.
J'ai pris ces deux photographies de Danièle, la femme de Christian, le deuxième soir où je suis arrivée. Elle se reflétait dans les photos de famille qu'elle accroche partout. Elle résumait mon film.


ps : merci à tous, je ne sais pas où je vas parvenir à emmener ce projet, mais c'est fou de se sentir comme ça soutenue, épaulée, encouragée. Merci Dim, Pia, Thibault, Pauline, Caroline, Aurélie, Céline, Deplhine, Hélène, Jo... Il y aurait trop de gens à décevoir pour que je me permette de rater :)

11/03/2011

Archives. Pourquoi je fais tout ça.








Réaliser une expérience filmique humble et sincère. Voilà l’objectif que je me suis fixé au départ de ce projet. Christian fait partie de ceux dont le charisme force le respect. Son physique impressionne avant même que sa voix grave et forte ne s’exprime. C’est vraiment de lui qu’il s’agit. En faire un portait honnête, tenter d’enregistrer sa singularité, et la donner à voir. Bien entendu c’est un portrait complètement subjectif. Le but n’est pas de montrer avec neutralité le quotidien d’un artisan de campagne. C’est notre relation, et le regard très particulier qu’elle me fait poser sur lui qui fonde le film, et lui donne son caractère unique. 

Ces derniers jours j'ai filmé tout ce qui passait devant moi. Pour essayer, pour voir, parce que ce n'est pas trop difficile. Et puis j'ai fait une pause, je regardé les images que je suis parvenue à faire depuis lundi. Il faut maintenant que je me souvienne pourquoi je fais ça. Parce que ça vient de loin, parce qu'il s'agit de racines, de souvenirs, de patrimoine familial. Et parce que ça va bientôt finir. La raison du projet est là, il va falloir gratter un peu, il va falloir commencer le travail.